Mamans, Nos Immortelles : Un dégagement d’émotions transcendantales
à chaque nouvelle lecture.
Je l’admets. Je n’aime pas la poésie. Je ne l’ai jamais aimée, et en fait, et
ce depuis mon tout jeune âge. Trouvant, en effet, le rythme des strophes
ainsi que le choix de mots trop complexes, j’ai toujours préféré
l’intelligibilité de la prose.
Toutefois, avec Mamans, Nos Immortelles, je n’ai aucunement ressenti
cette lourdeur. Au contraire, la lecture des poèmes de Prince Anodin m’a
permis de voir la poésie sous un autre aspect, à savoir un côté humaniste.
À dire vrai, la formule employée dans le recueil, c’est-à-dire une photo en
page de gauche accompagnée d’un poème court en page de droite,
relève, oui d’une force cathartique personnelle, mais tout de même
émouvante pout tout lecteur.
Tristesse, désespoir, colère, soulagement, solitude et joie; Prince Anodin
capture avec finesse toute la myriade d’émotions associées au décès de
l’être si chère dans sa vie qu’était sa maman tant aimée. Bien qu’étant le
produit de son épopée personnelle, il n’empêche que les émotions
évoquées sont de chair et de sang pour tous ceux ayant été présents lors
du dernier sommeil d’être chers.
Ayant perdu mes deux grands-mères à 59 jours d’intervalle en 2019, j’étais
d’ailleurs de sympathie avec Prince, et ce dès la première page du livre
jusqu’à la dernière. À dire vrai, j’ai en quelque sorte fait une expérience
purificatrice analogue à celle de l’auteur.
Précisément, à travers mes larmes, mes sourires, mes rires et ma fureur
envers le bon Dieu, je me suis remémoré la mémoire de mes grands-mères,
tout en me rappelant que bien malgré leur repos éternel, elles seront
toujours avec moi, tant qu’en esprit qu’en mémoire vivante.
Suffit de dire que Mamans, Nos Immortelles est plus qu’une simple lecture
divertissante.
Au contraire, en dégageant des émotions transcendantales auprès de son
lecteur, elle constitue un véritable chef d’œuvre, qui évoque une
pertinence et des émotions poignantes à chaque nouvelle lecture.
Bien que plus qu’une collection de poèmes intimes, Mamans, Nos
Immortelles, en finalité, se démarque par ses trois accomplissements.
Dans un premier temps, de faire de la poésie un objet artistique, tout en la
rendant pénétrable, sans cependant être trop élémentaire.
Dans un deuxième, de relever la gravité qu’occupe les mamans dans la
vie d’un enfant, à savoir dans son espace physique et mental.
Dans un troisième, de rappeler à tout lecteur, que bien malgré leurs
absences du monde physique, les mamans (ou, dans mon cas grand-
mamans) seront toujours de présence avec soi, sous forme d’ange-gardien
ou autres incarnations, nul le sait.
Mais ce qui est certain, c’est ceci.
Que c’est notre choix de les oublier
Ou de les garder vivantes.
(Mamans, Nos Immortelles par Prince Anodin, p. 151)
Que Prince Anodin ne s’inquiète pas.
Je compte garder ma maman vivante.
De préférence, aussi longtemps que possible.